Évidemment, si je suis là aujourd'hui pour vous raconter mon dimanche, c'est que j'ai pas mouru ni pendant ni après la course.
Je répète, avant de commencer, que je ne suis ni la fille cachée de MarieJo Perec, ni une amatrice de course à pied, simplement une fille un peu naïve qui s'est laissé embarqué dans une histoire de challenge d'entreprise et de course à pied de 10km de long ... pour le fun, l'ambiance tout çà ... indulgence donc !
Les choses étant claires entre nous, j'avais 2 objectifs :
1) Courir les 10km sans m'arrêter ni marcher ... çà a l'air ballot dis comme çà mais je n'avais jamais parcouru cette distance en courant (en marchant oui, fastoche) ... au max j'avais du courir 4 ou 5 bornes, ce qui en soit est déjà un petit exploit perso ... donc bon, c'était un peu l'inconnu (est-ce que mon corps va supporter ?)
2) Si possible les faire en moins de 1h30 (on ne rigole pas merci), histoire de pas foutre la honte intergalactique à mon patron et ne pas trop plomber les perf de la boite (challenge entreprise toujours : à quoi çà sert que les autres se speedent si tu traînes un gros boulet - oui moi - derrière !)
Bref, j'ai rempli mes 2 objectifs, je suis hyper fière de moi, Doudou MonMâri est fier de moi et même que toute la boite est aussi hyper fière de moi. Personne ne m'a reproché mon temps médiocre (je crois même que j'étais pas la dernière du groupe !! Huhuhu) et j'ai conservé mon emploi, tout va bien.
Enfin tout va bien ... aujourd'hui oui ... nan paske dimanche aprem, je faisais pas la maligne ... çà a été dur, très dur ... je vous raconte. J'ai failli vous faire un "minute par minute", mais bon, çà nous aurait pris la semaine et vous avez sûrement des choses à faire !
Déjà, il faut savoir que mon amour de mari s'est inscrit avec moi pour me soutenir, et a accepté de courir avec moi ... comprendre "à mon rythme" ... ce qui en soit est d'une adorable et de deux assez difficile pour quelqu'un qui court bien de se mettre en sous régime ... il a souffert, mais sans lui je ne serais pas allée au bout, ou du moins j'aurais pas couru tout le temps, j'aurais marché c'est sûr ! Je lui en suis vraiment reconnaissante, et il a même poussé la galanterie jusqu'à me laisser franchir la ligne d'arrivée juste devant lui, pour me permettre de gratter une précieuse seconde et place au classement. Du coup, depuis dimanche, je fanfaronne que je suis arrivée avant lui ! Je sais, je suis une crasse !
Dimanche matin donc, levée à même pas 7h (duuuuuuuur), deyors il fait soleil mais à peine 1°C ... la journée commence bien ^^
Il y a un monde fou, tout le monde est surmotivé, il règne une super ambiance. Le départ est donné, certains cavalent en tête, moi je me cale à mon rythme perso, en essayant de ne pas me laisser influencer par le rythme des autres (je le sais, si j'accélère, je ne tiendrais pas la distance).
J'essaie de me rassurer en me disant "laisse-les cavaler, on verra qui restera à l'arrivée", pour éviter de me démoraliser.
Malheureusement, le premier coup de canif dans ma motivation sans faille arrive très vite. Alors que je passe doucement mais fièrement le point km 3, je croise sur la voie d'à côté les premiers qui se dirigent à toutes jambes vers l'arrivée, passant allègrement le point km 7 ou 8, genre pas fatigués ...
Là, je flanche, mais mon coach perso me rebooste, on n'est pas dans la même catégorie, on ne compare pas ce qui n'est pas comparable, on s'en fout on continue.
Ok ok ... don't give up !
On court on court, on découvre des rues dont on ne connaissait pas le nom, on reconnaît des visages familiers sur les trottoirs, je suis regonflée, je vais y arriver, je peux le faire.
Deuxième passage à vide, quand sur la grande ligne droite, je croise toute mon équipe : coucou le frère du patron, ah salut O. ! Tiens, mon patron, bien ! Et C., et D, et L., et ... c'est bon, j'ai vu tout le monde ? Ne vous inquiétez pas, je suis toujours en vie, je ferme la marche !
Pffff c'est dur psychologiquement ! Est-ce que çà vaut vraiment la peine de continuer ? De s'acharner ? Franchement !
Reboost du coach ... au fait, j'vous ai dit que j'avais épousé mon coach ? Classique dans le milieu du sport ...
Le point de ravitaillement arrive à point nommé, je suis en surchauffe, je commence à sentir mes muscles, j'ai du mal à me détendre et à courir relax. Sans m'arrêter, je chope un gobelet d'eau et je m'hydrate ... en courant ... j'en fous partout, je suis trempée, comme les vrais !
Heureusement, la foule en délire au bord de la route (j'exagère à peine) nous encourage, c'est bon, çà fait plaisir, on se sent moins seuls ! A partir du point km 7 tout le monde te dit que c'est bientôt la fin, que t'y es presque, mais c'est faux. Ils mentent pour me faire plaisir, c'est sympa mais la réalité est autre !
A ce stade, je suis toujours en vie mais j'ai hâte d'en finir ! (pas avec la vie, pas à ce point, mais avec la course !) A partir du point km 8, c'est devenu très dur. J'ai atteint mes limites physiques et je sens mon corps qui souffre. La respiration qui se fait moins régulière, les muscles qui tirent, et la désagréable sensation d'avoir une ampoule énorme sous le pied, et Doudou qui déploie des trésors d'ingéniosité pour me maintenir motivée.
Point km 9, dernière ligne droite, je vais décéder : ils ont eu le culot de nous claquer une côte pour le dernier kilomètre ! Les sal*uds ! On croise les premiers du semi-marathon (21 bornes, y en a qui sont pas bien dans leur tête !) et c'est uniquement la peur de la honte de me faire rattraper par l'un d'eux qui m'anime et me pousse vers l'arrivée.
Je la vois, elle est là, la grande arche de l'arrivée, j'affiche mon plus beau sourire et je la passe : I did it ! J'ai fait un chrono de merde (pas pour moi) mais j'ai couru sans m'arrêter pendant 10km (encore aujourd'hui, je ne vois pas l'intérêt mais bon !) ! Petite victoire personnelle, on va dire ^^
Je suis lessivée, vidée, je marche sur du coton, j'ai envie de m'asseoir par terre mais Doudou me l'interdit, surtout ne pas s'arrêter brutalement, marcher, sinon c'est foutu, on ne se relève plus.
De l'eau, des fruits, des étirements, et un retour au stand parmi mes collègues. On se félicite, on se raconte nos impressions ...
C'est l'adrénaline qui me porte, impossible de m'arrêter, je piétine, j'ai peur d'arrêter de bouger les jambes, de me refroidir dans les courants d'air ...
On rentre à la maison, le bonheur d'enlever mes chaussures (j'ai effectivement une ampoule de la taille d'un lampadaire !) et de prendre l'une des meilleures douches de ma vie ! Et passer une après-midi à buller sur le canapé ...
Quant à mes impressions sur la course, je suis juste un peu déçue : je pensais qu'il y aurait plus de gens d'un niveau moyen / débutant, plus "je cours pour le fun". Ils présentent çà comme une course populaire et mêlant professionnels et amateurs, j'ai quand même trouvé le niveau sacrément bon et on s'est senti un peu seuls sur la fin.
Dans les couloirs de ma boite, on parle déjà d'y reparticiper l'année prochaine, les uns pour améliorer leur temps, les autres (inconscients) pour pourquoi pas tenter les 21 km !
Doudou le refera sûrement, mais cette fois à son rythme.
Moi ? Joker ! Je ne sais pas encore, si j'ai le temps de m'entraîner vraiment, sérieusement, pourquoi pas ... je dois encore être sous l'effet de l'adrénaline !
Pour l'instant, je savoure ma perf à moi. Après l'ascension du Piton de la Fournaise cet été (là aussi j'ai cru décéder, mais c'était pas pareil), c'est la 2ème fois cette année que je repousse mes limites physiques, que je vais me chercher là où je ne m'attendais pas ... je suis au top de moi-même ! Mais p*tain, çà fait mal aux quadriceps !!
Sur ce, c'est tout pour le moment.