vendredi 20 mars 2009

Il m'aura fallu 10 ans ...

Juillet 1999 ... 18 ans à peine sonnés, bac et permis en poche, je brûlais d'impatience de pouvoir enfin faire quelque chose qui me tenait à coeur depuis des années : donner mon sang. Je ne saurais l'expliquer, mais c'était très important pour moi, un besoin, un devoir ... il me fallait sacrifier quelques globules pour la bonne cause, je voyais çà comme une bonne action, et je me disais, peut-être un peu égoistement, que je serais bien contente que quelqu'un d'autre ait fait la même chose et que des pochettes de sang soit dispo si moi ou ma famille venions à en avoir besoin.

Pour moi, celà faisait partie de la liste des "choses à faire quand je serais majeure", dans le même genre y avait "être libre et ne plus avoir besoin de demander la permission ou l'avis de mes parents avant de sortir" ou "rentrer à l'heure qui me chante, c'est moi qui décide, je suis grande maintenant" !! Un peu naïve, la fille !

Juillet 1999 donc ... fraichement débarquée sur la Côte d'Azur pour des vacances bien méritées, que vois-je ? Un camion de l'Etablissement Français du Sang (EFS) sera de passage pendant la semaine. C'est un signe : si l'EFS vient jusqu'à moi, alors il doit être écrit quelque part que je dois le faire. C'est décidé, je vais enfin pouvoir donner mon sang. Le jour J, je me présente dès l'ouverture, genre vers 9h, preum's, excès de zèle ! Après un questionnage en règle, c'est parti mon kiki, on me prélève ma première pochette. Après quelques minutes (même pas mal !), je me lève avec la sensation du devoir accompli, et j'attends fièrement que mon papa vienne me rechercher (oui çà a beau avoir 18 ans, çà part encore en vacances avec papa-maman ! sans commentaire ...) en grignotant le petit-dej offert.

Nous marchons vers la ouature, je me sens un peu vaseuse, mais je suis grisée par mon expérience, alors çà va. Je m'installe dans la ouature et je commence à raconter à mon père comment çà s'est passé. J'ai des picotements dans les jambes et je me sens un peu faible. Mais çà va.


Puis soudain, çà ne va plus. Je perds connaissance. Le trou noir ... plus rien ...


Je me réveille quelques minutes plus tard, complètement à l'ouest, çà va pas fort ... je suis sur le dos, sur un brancard, retour à la case départ, chez les médecins qui venaient de me prélever ma minuscule pochette rouge !

Par la suite, j'apprendrais que mon père, me voyant défaillir, a vite fait demi-tour pour ramener sa fifille défectueuse au service après-vente du don du sang, que j'étais restée inconsciente quelques minutes, que je m'étais v*mis dessus (charmant !) et que du coup y en avait plein dans la ouature (charmant charmant !).

Diagnostic : malaise vagal, pas de quoi fouetter un chat, rien de grave. Moi avec mon hypotension chronique (à l'époque je culminais à 9 de tension quand j'étais énervée, voyez !), je suis coutumière des évanouissements, si possible dans des endroits insolites et quand y a du monde, c'est plus fun. Mais là, c'était pas pareil, çà n'avait jamais duré aussi longtemps, et je n'avais jamais vraiment perdu connaissance au point de ne pas me souvenir ...

Il parait que c'est une accumulation de choses qui ont fait que : la fatigue au sortir d'une année de bac éprouvante, la chaleur accablante, l'heure matinale, mes antécédents d'hypotension, ... bref ce jour là, çà l'a pas fait du tout !

Je vais pas dire que çà m'a gâché les vacances mais presque ... il m'a fallu plusieurs jours pour m'en remettre, avec plusieurs rechutes en plus ... mais c'était trop tard : traumatisée j'étais, et je n'ai plus jamais donné mon sang.

Ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en manquait : j'y croyais toujours, çà restait très important pour moi, je voyais tous ces appels au don qui me culpabilisaient, mais j'étais totalement paniquée, trop peur de revivre une journée de l'horreur.

Il y a quelques mois, en voyant une pub de l'EFS, Doudou me dit que ce serait sympa qu'on aille donner notre sang ensemble, en amoureux (lui a déjà donné plusieurs fois) ... (Tu parles d'une sortie romantique ! Tu veux pas plutôt m'emmener au resto mon amour ?) Je lui raconte la mésaventure jamais avouée, il me rassure et me dit qu'il n'y a aucune raison que çà arrive à nouveau, et au pire il sera là tout près. Et le temps passe ... et on oublie ...

... jusqu'à aujourd'hui. Juste en face de chez moi, un camion de l'EFS est là, pour la journée. C'est un signe, 10 ans après, l'EFS refait un pas vers moi, me tend la main, me dit que tout va bien se passer. Doudou est là, rassurant, c'est l'occasion ou jamais : au pire si se passe pas bien, me dit-il, je te porte jusqu'à la maison, c'est juste en face. "Comment çà, si çà se passe pas bien !!!!"
Mais au fond de moi, j'ai envie. Alors on y va, on remplit le questionnaire et je rencontre le médecin.

Il est très sympa, il a une voix douce et appaisante, moi j'ai le coeur qui bat la chamade. Il devine que si mon premier et dernier don date de 10 ans, c'est que l'expérience n'a pas du être agréable. Il me rassure, il parait que çà arrive souvent lors de premier don, et est sûr que tout va bien se passer.

C'est à mon tour, l'infirmière est adorable, elle aussi lit dans mon regard l'appréhension du don et le traumatisme passé ... on va y aller en douceur, qu'elle me dit. Tout en douceur elle m'explique, tout en douceur elle bascule mon fauteuil pour que mes pieds soient plus hauts que mon coeur, tout en douceur elle me parle, je suis détendue, tout va bien, tout se passe bien. Le docteur vient vérifier que tout va bien, et çà y est, la pochette est pleine, c'est terminé, je l'ai fait ! Doucement, progressivement, elle remet mon fauteuil en position normale, on m'ammène la collation pour éviter que je me lève trop brusquement, je reprends tout doucement mes esprits. Je vais bien.
Puis je me lève pour rejoindre l'espace "après don", où la collation est offerte à tous les donneurs.

Jusqu'au bout, je suis entourée de mille attentions, le personnel médical est vraiment extra, ils mettent tout le monde très à l'aise, je suis ravie.

Et je repars vers la maison, avec mon Doudou près de moi, après avoir remercié chaleureusement tout le monde.

J'ai des fourmis dans les extrémités, j'ai un gros pansement au creux du coude, je suis un peu flagada, mais çà va. Cà y est, la malédiction est levée, je l'ai fait : j'ai (re)donné mon sang ... et c'est pas la dernière fois !

Sur ce, c'est tout pour le moment.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi ça fait un paquet d'années que je dis qu'il faut que je le fasse. Et c'est toujours pas fait. pas le temps, pas l'envie, trop loin..

Je ne desespère pas un jour de croiser un camion sur mon chemin!!

Unknown a dit…

Pareil qu'Isabella, il faudrait. Mais j'ai jamais osé, trop trouillarde. Et le centre est dans l'hôpital juste à côté de mon boulot... Et en plus Hulk y va régulièrement. Mais comme toi la dernière fois, il est ressorti un peu patraque. C'était trop rapproché d'après le médecin.

Joe Butagaz a dit…

Je l'ai donné avec plaisir, 3 fois par an pendant une dizaine d'année, (parfois avec encore un peu d'alcool de la soirée étudiante de la veille..) jusqu'à ce que je reçoive un courrier pas très agréable du tout me demandant de ne plus donner mon sang.....

C'est Alice ! a dit…

Isabella : Un jour, toi aussi tu verras un signe ! De toute façon, faut que tu le fasses quand tu le voudras. Faut pas que ce soit une contrainte.

Elise : Ouais faut pas non plus faire de l'excès de zèle. Normalement c'est 4 dons maxi par an pour les femmes (avant c'était 3), espacés d'au moins 8 semaines. Mais je me dis que si déjà, on donne une fois par an, c'est déjà bien hein ! Allez courage ! Et pourquoi pas y aller avec Hulk, tu seras rassurée comme çà !

JoeButagaz : Sans déconner ! Ils envoient des courriers comme çà !! Pas cool çà. C'est quand même pas à cause des restes d'alcool si ?

Phoebe a dit…

Moi je peux pas le faire, c'est con (je prends des médocs c'est pour ça) sinon oui, je le ferais ...

C'est Alice ! a dit…

Phoebe : Bienvenue à toi sur ce bloug !! C'est pas une obligation, faut quand même pas le faire au détriment de sa propre santé. Et puis y a plein d'autres moyens d'aider, le bénévolat par exemple, n'est-ce pas ? Gros bisous !