'tention, billet sérieux, sans déconner ... Je ne sais pas trop par où commencer, ni comment l'exprimer, mais j'en ai besoin ... promis après on rigole de nouveau !
Depuis quelques mois, un stress permanent régnait au Pays d'Ici ... une tension, une appréhension, des difficultés à se projeter dans l'avenir ... en effet, mon Joli-Papa (le papa de mon Doudou, on ne peut rien vous cacher !) était malade, très malade ... depuis des années ... C'est son coeur qui ne tournait pas rond ... et le corps humain est ainsi fait que quand le coeur ne va pas bien, rien ne va bien, tout est déréglé ! Pi ya des organes qui sont plus nécessaires que d'autres ... c'est comme les voitures : tant pis si les essuie-glaces ne fonctionnent pas bien, tant pis si l'échappement est un peu bruyant ... par contre, avec un moteur en vrac, tu peux t'accrocher pour faire des bornes !!
C'était donc çà son problème, un coeur en vrac, opéré moultes fois, pontages et autres stents, défibrillateur et bins divers aux noms barbares ! On va dire que malgré tout çà, il se maintenait plutôt en forme et croquait la vie à pleine dent.
Pi soudain, courant 2009, son état s'est dégradé ... le coeur trop fatigué n'arrivait pas à suivre, malgré les renforts chirurgicaux, et menaçait de lâcher, déréglant au passage tout le reste, à la chaîne, des reins au foie, en passant par la circulation sanguine.
C'est dur de voir quelqu'un diminuer comme çà, moi je l'ai toujours connu malade, mais en forme quand même, mais Doudou, lui, çà lui a fait un choc ... même à trente ans passé, c'est dur de voir son papounet faiblir de la sorte, alors qu'on l'a toujours connu "à fond" ... Il s'est un peu renfermé, il a beaucoup pris sur lui, il a souffert en silence.
Moi, j'ai du apprendre à gérer une situation que je ne connaissais pas : un proche (très proche) gravement malade. J'ai la chance d'avoir mes 2 parents en bonne santé, et cette situation m'a énormément perturbée, car elle m'a renvoyé à la figure une de mes pires peurs panique : la perte d'un être cher, et j'entends par là mon père, ma mère et ma soeur. Oui Doudou aussi bien sûr, mais je parle là de ma famille. Certes j'ai déjà été confrontée à la mort d'un proche (famille ou amis), mais je refuse d'envisager que cela puisse arriver à mon noyau dur. Je crois que je ne le supporterais pas ... tout simplement.
J'ai eu très peur pour mon Joli-Papa, certes paske c'est aussi un peu mon papa maintenant, mais surtout paske j'ai vécu la chose à travers Doudou (c'est dur à exprimer ...), je ressentais sa souffrance, mon impuissance, et je m'en voulais de ne pas savoir quoi faire. Alors je n'ai rien fait, je lui ai juste tenu la main sur le chemin de l'hôpital, j'ai caressé ses cheveux quand il avait les yeux dans le vague, j'ai séché ses larmes et fait le pitre quand il craquait, malgré mon coeur brisé de le voir pleurer ...
Je me suis aussi souvent imaginée à sa place, mes réactions face à mon papa malade, en me disant que rien n'aurait pu m'apaiser ...
En novembre 2009, verdict : la greffe de coeur est son ultime espoir. Le coeur ne va pas tenir très longtemps, il faut tout simplement le changer ... il n'y a aucune autre solution. Bon ...
Puis quelques semaines plus tard, nouveau choc : son état général ne lui permet pas d'accueillir un nouveau coeur. Il faut être vigoureux et en forme pour que la greffe prenne dans de bonnes conditions, lui est fatigué et amaigri ...
On nous parle alors de coeur artificiel, provisoire le temps de se retaper, d'une machine externe au corps, d'un compresseur sur roulettes.
L'opération est plusieurs fois reportée et c'est avec grand peine qu'il passe les fêtes de fin d'année pour finalement entrer à l'hôpital début janvier 2010, quelques jours avant moi. Je ne vous explique pas à quel point j'ai culpabilisé de faire ma chochotte molle du genou pour ma première anesthésie générale, quand il en était à sa énième, d'anesthésie, pour un truc un poil plus sérieux que mon tendon rotulien de traviole !
Tout s'est bien passé, même s'il a mis des semaines à s'en remettre. Chaque week-end, nous allions le voir (à Paris), c'est devenu une habitude, un programme reconduit à chaque fois de façon tacite.
Il est rentré à la maison en avril, avec sa petite chariotte vitale, et la vie a retrouvé un peu son rythme, son équilibre, on a ri à nouveau, les petits neveux de Doudou n'en revenaient pas que papi soit branché sur secteur pour recharger ses batteries, comme les téléphones portables !
On se relâche, on se détend, et puis soudain, on se reprend la branche en pleine poire ... début juillet, la machine fait des siennes. Certes c'était du provisoire, mais 6 mois, là çà devient apparemment du provisoire qui dure et le corps de Joli-Papa n'aime pas çà, il rejette la machine, ne la supporte plus !
La greffe devient urgente, il est placé en liste hyper prioritaire, et là nous on ne rigole plus du tout.
Lui se voit greffé sous 15 jours, nous on sait que parfois çà peut durer plus longtemps, voire ne jamais arriver, alors on tempère ... et on prie fort le petit Jésus pour qu'il nous envoie un coeur tout neuf.
Et là, sensation bizarre, paske non, ce nouveau coeur n'est pas en commande à l'usine des organes ... pour que mon Joli-Papa ait un coeur, il faut que quelqu'un lui fasse don du sien ... et çà c'est une idée pas facile à accepter ...
Et puis un jour, un coup de fil ... ayé on a un coeur, il arrive, on opère dans 3 heures ...
Moins d'un mois après son entrée à l'hôpital, le miracle tant attendu, presque inespéré ...
C'est comme si le temps s'arrêtait ... le moment dont on parle depuis des mois sans trop y croire est arrivé, et on flippe ... oui mais si l'opération ne se passe pas bien, ou si la greffe ne prend pas ... c'est Joli-Papa qui a rassuré tout le monde, pas paniqué pour 2 sous, limite impatient de retrouver une nouvelle jeunesse !
Plus qu'une nouvelle jeunesse, c'est une renaissance qu'on lui a offert, une deuxième chance. Il s'est remis à la vitesse de la lumière, et 5 semaines après la greffe, il a regagné son domicile et repris goût à la vie ! Et nous on hallucine ... fini le Joli-Papa rabougri sur sa chaise, qui a toujours froid et se fatigue trop vite. Mon nouveau Joli-Papa conduit à nouveau, il débarrasse la table (c'est bête à dire mais çà fait longtemps qu'on l'avait pas vu faire çà !), il a retrouvé ses bonnes joues pleines et râle pour un rien : tout va bien !
Alors oui, il prend des quantités astronomiques de médicaments, à heure fixe, mais c'était déjà son lot quotidien alors il s'est habitué, et puis cette fois, c'est pour la bonne cause !
Autant vous dire que la bonne ambiance est revenue au Pays d'Ici, on respire à nouveau, et surtout on profite de chaque instant !
Sur ce, c'est tout pour le moment.NB : Je sais que tout ne s'arrange pas toujours aussi bien, que la vie ne fait pas toujours de cadeaux et qu'on ne sort parfois pas vainqueur du combat contre la maladie. Je sais que certains d'entre vous ont été (ou sont encore) dans ce cas, je leur souhaite beaucoup de courage !
On ne réagit pas tous pareil, mais on a tous besoin d'espoir, il faut toujours y croire ... et apprendre à vivre avec çà.
J'étais déjà assez favorable au don d'organes avant, même si je sais que c'est une décision pas facile à prendre. Mais si le papa de mon Doudou peut aujourd'hui encore m'appeler "Chérie", c'est parce que quelqu'un a pris la bonne décision ... et çà, c'est énorme !